"L’on a surtout besoin non seulement d’hommes capables d’apporter de résultats concrets mais qui jouissent d’une réputation infaillible". Détrompez-vous, Loubert !
Cet homme intègre à la réputation infaillible n'existe nulle part. Chacun a quelques cadavres dans ses placards. Nous avons peut-être besoin d'un homme qui a un certain sens de la patrie, du devoir, du bien commun, mais pas un infaillible. On n'est avant tout en politique pas au confessionnal !
L'homme peut changer, et qui sait, Bernard pourrait-être cet homme ! Ceux qui crient aujourd'hui aux violations des droits humains ne sont pas en odeur de sainteté, eux non plus. Alors il faut-être modéré dans nos réactions.
"Je pense qu’un individu appelé à devenir Premier ministre doit être au-dessus de la mêlée", ecrivez-vous. C'est le président de République qui doit-être au-dessus de la mêlée pas le premier ministre. C'est lui qui, selon la constitution, doit assurer le bon fonctionnement des institutions (avec quel instrument légal ? Ça c'est un autre débat), arbiter le jeu politique. Étant responsable devant le parlement, une assemblée politique, dirigeant l'action gouvernementale, le premier ministre se trouve au cœur de la mêlée ; il doit tout le temps s'assurer d'avoir la confiance du parlement pour rester en vie, donc pour gouverner. Cela implique des négociations de "longue haleine", souvent laborieuses avec les partis représentés au parlement dans le cas d'une coalition ou avec les membres de sa majorité.
En période de contestation c'est le premier ministre et non président qui est visé, c'est la politique de son gouvernement qui est remise en cause. Donc il doit toujours être prêt, contestation ou pas, à expliquer les orientations socio-économiques qu'il offre aux pays ou qu'il applique. Si nos premiers ministres se sont souvent effacés de la scène c'est parce que la tradition présidentialiste qui caractérise la politique haïtienne neutralise tout élément de contrepoids, légal ou pas, à la toute puissance du président, ou parce qu'aucun parti de l'opposition politique n'arrive, depuis l'entrée en vigueur de la constitution de 87, à obtenir une majorité absolue dans les deux chambres du parlement. Une situation qui pourrait contraindre le président à une cohabitation. Car en période de cohabitation le président naturellement s'efface au profit du premier ministre issu de la majorité parlementaire.
Je suis comme vous très inquiet pour l'avenir : la gestion de la "crise" actuelle faite par Martelly, ses appels vocaux destinés à ses partisans dans le but d'influencer ou d'intimider les parlementaires, ses propos aux accents guerrier tenus en public contre eux, font croire que ce qu'on reproche au président lentement se confirme : la tentation de restaurer un présidentialisme autocratique et autoritaire. Il faut là encore modérer nos critiques. Le président n'est qu'en début de mandat, laissons lui le temps de déployer son style de gestion.