C'est une belle initiative citoyenne. Il y a des hommes dans ce pays d’Haïti qui posent des gestes aberrants envers l’ensemble de la population. L’allusion à l’élection de 2010 qui s’est déroulé sous une certaine forme d’exclusion peut nous amener à comprendre la situation actuelle. Encore une fois, je le redis, je connais aucun pays où les élections passent à une phase de deuxième tour et où l’on décide de ne pas laisser le citoyen n’ayant pas pris part au premier tour de voter au second tour. En France, lorsque le parti de Jean-Marie Lepen menait au premier tour, les gens ont voté massivement au deuxième tour pour barrer la route à l’extrême droite. En Haïti, en 2010, le CEP de Gaillot Dorsainville avait osé interdire des citoyens de ne pas prendre part au deuxième s’ils n’avaient pas voté au premier tour. C’était une aberration! Je l’avais dénoncé mais cela n’avait dérangé personne. En 2015-2016, les exclus ont voté au-delà même de ce taux de participation officiel dévoilé par le Cep de Léopold Berlanger. Mais en fait, prenne-t-il la société dans son ensemble pour des lavettes? Une élection, ce n’est pas un simple geste d’aller déposer un bulletin dans une urne. C’est aussi un portrait sociodémographique. Et les résultats de l’élection de Berlanger font fi de tous ces facteurs d’où dans un premier temps, émane l’apparence évidente de fraude massive. J’ai énormément de la difficulté à accepter ces résultats qui ne reflète en rien cette réalité sociodémographique. Et je sais qu’en Haïti, il y a des sociologues, des statisticiens qui peuvent corroborer l’absence de ce facteur. Mais personne n’ose. S’agit-il de la lâcheté ou de la paresse intellectuelle? Les médias ne pipent pas mot or il y a des analystes politiques qui commentent quelquefois les résultats électoraux dans d’autres pays. Pourquoi, tout à coup ce silence? Est-ce parce qu’ils veulent sciemment faire passer les contestataires comme des «mauvais perdants»? Il ne faut pas se leurrer, la majorité des médias en Haïti appartienne au secteur privé. Les journalistes doivent gagner leur pain dans un pays où le taux de chômage atteint un niveau dépassant l’entendement. Ce serait suicidaire pour eux de relater que des gens occupent le macadam depuis plus de trente jours pour dénoncer le coup d’électoral voire même mentionner la fraude. En Haïti, le mot intégrité, probité intellectuelle existe si seulement si l’on est indépendant de fortune.